Selon de récentes études, 17,45 millions de personnes en Côte d’Ivoire n’utilisaient pas Internet au début de 2022, ce qui signifie que 63,7 % de la population restait hors ligne au début de l’année. Les données publiées par le groupe Ookla indiquent que les internautes en Côte d’Ivoire auraient pu s’attendre aux débits de connexion Internet suivants début 2022, d’une vitesse médiane de connexion Internet mobile via les réseaux cellulaires de 9,37 Mbps.
Comme plus de la moitié des personnes qui liront cet article en Côte d’Ivoire, vous êtes probablement connectés à Internet via votre téléphone mobile. En l’absence de connexion Wi-Fi locale, un appareil mobile se connecte généralement via un service d’abonnement auprès d’un fournisseur de réseau cellulaire.
Les données mobiles créent une connexion sans fil en permettant aux appareils de communiquer via des fréquences radio. Les données chargées ou téléchargées via un réseau mobile sont diffusées depuis ou vers une station de base cellulaire centrale ou une macro cellule, souvent hébergée sur une tour cellulaire (les fameuses grosses antennes des opérateurs, installées souvent sur les immeubles d’habitations). Une seule macro cellule peut couvrir une vaste zone géographique et plusieurs cellules peuvent se chevaucher pour transmettre efficacement les données et assurer une couverture sur des milliers de kilomètres.
C’EST QUOI LA DIFFÉRENCE ENTRE LES DONNÉES MOBILES ET LE WI-FI ?
Un forfait de données mobiles et une connexion Wi-Fi permettent à un utilisateur d’accéder à Internet sans connexion filaire. Le Wi-Fi fait référence à un réseau local sans fil, qui a une portée limitée. Lorsqu’un utilisateur se connecte au Wi-Fi, son appareil accède à un routeur sans fil (box wifi par exemple) ou à un point d’accès couvrant une zone spécifique.
Une connexion de données mobile permet à un utilisateur d’accéder à Internet sur un réseau cellulaire appartenant à un fournisseur de télécommunications tel que Orange, MTN, Moov Africa. Dans ce cas, l’appareil mobile se connecte à une tour cellulaire qui fait partie d’un réseau couvrant une très grande zone géographique. Bien que cet accès offre commodité et flexibilité, il s’accompagne d’un coût par gigaoctet de transfert de données selon les conditions et les politiques du forfait cellulaire de l’utilisateur.
Lorsque vous utilisez des données mobiles en Côte d’Ivoire, vous utilisez une connexion sans fil 3G ou 4G, car la 5G n’est pas encore déployée. Le montant facturé pour l’utilisation de ces données varie en fonction du forfait de données mobiles que vous avez souscrit auprès de l’opérateur de réseau téléphonique. L’avantage d’utiliser les données mobiles est que vous pouvez accéder à Internet n’importe où, n’importe quand, pour vu qu’il y ait une couverture réseau de la part de votre opérateur. Pour référence, voici ci-dessous une estimation de ce que chaque activité de navigation vous coûtera en volume d’internet:
Activité | Exigence de données |
50 Ko par message | |
Téléchargement de photos | 1,5 Mo par photo (variable) |
1-2 Mo par minute (vidéo en lecture automatique désactivée) | |
surfer sur le web | 2,5 Mo par minute (variable) |
Jeux | 1,5 Mo par minute (très variable, s’applique uniquement aux jeux en ligne) |
Musique en continu | 1-2 Mo par minute |
Diffusion de podcasts | 60 à 100 Mo par heure, en fonction de la mise en mémoire tampon, de la qualité des données et de la compression |
Youtube | 2,5 à 6 Mo par minute, haut de gamme pour la vidéo haute définition (HD) |
Netflix | 1 Go à 3 Go par heure, haut de gamme pour la HD |
COMMENT LES OPÉRATEURS GÈRENT-ILS LE SERVICE DATA MOBILE ?
Chaque fois que les consommateurs se connectent à Internet, ils consomment de la bande passante. En termes simples, la bande passante est la quantité d’internet disponible dans une zone ou une cellule en particulier. Plus une connexion de données a de bande passante, plus elle peut envoyer et recevoir de données simultanément. Plus un opérateur offre de bande passante, plus les consommateurs peuvent transmettre et recevoir des données rapidement. Cependant, la quantité de bande passante et de données qu’ils peuvent utiliser mensuellement dépend de leur forfait réseau avec leur fournisseur de services.
Par exemple, un consommateur abonné à un forfait de 10 Mbps pourrait télécharger 10 Mo de données par seconde. Si plusieurs utilisateurs partagent la même connexion, chacun ne peut télécharger qu’une partie de la limite, ce qui entraîne des temps de téléchargement beaucoup plus lents.
Lorsque nous appliquons ces principes à un site cellulaire, nous pouvons voir que la quantité de bande passante déployée sur le site cellulaire (capacité) et les technologies utilisées, telles que 3G, 4G et 5G, déterminent la capacité disponible pour les consommateurs. Plus, il y a d’appareils connectés utilisant des données cellulaires, 10 Mbps ne suffisent pas pour fournir la vitesse et la quantité de données nécessaires à une connectivité fluide. Plus il y a d’utilisateurs partageant la capacité, plus l’expérience est mauvaise pour tous.
Pour améliorer leurs services, les fournisseurs doivent également déterminer où les consommateurs utilisent la majeure partie de la bande passante. Cela leur permettra d’identifier dans quels domaines accroître leur capacité et mettre en œuvre des mesures de gestion de la vitesse d’internet. En effet, les opérateurs peuvent jouer sur ces facteurs afin de rationaliser l’utilisation de la bande passante en fonction des zones, de la congestion du réseau, etc.; en mettant en œuvre deux techniques, à savoir la dé-priorisation et la limitation des données.
La dépriorisation des données peut être décrite comme le ralentissement temporaire de vos vitesses de données, en faveur d’autres abonnés sur le même réseau. Cela se produit généralement en période de trafic élevé ou de congestion du réseau. Tout dépend de votre forfait et des conditions de son contrat. Tandis que la limitation consiste à réduire de manière définie votre vitesse de données ou vous permettre de n’accéder qu’à certains services (ex : pass sociaux, etc.)
Quasiment toutes les formules de services data incluent techniquement une forme de dépriorisation des données ou de limitation des données. Cela dit, il est important de prendre connaissances des conditions de services proposées par les opérateurs. Cependant, ces termes et conditions sont généralement écrits en très petits caractères, de sorte que très peu de consommateurs y prêtent attention ou même comprenne les concepts et termes techniques employés. Le consommateurs lambda ne sait pas interpréter ces baisses de vitesse et ses implications.

L’ORIGINE DU PROBLÈME DE LA HAUSSE DU PRIX DU Mo D’INTERNET EN CÔTE D’IVOIRE
Dès le début de l’année 2017, les opérateurs ont observé une baisse de valeur sur le marché de détails de la téléphonie mobile sur les services voix et SMS. En effet, avec l’essor d’internet et les services d’appel via internet, les revenus sur la voix ont connu une baisse, car les populations peuvent passer des appels via WhatsApp, Messenger, etc. Par exemple en ayant un pass internet actif, un consommateur peut passer des appels, envoyer des messages, sans passer par le service voix & SMS. Ce qui cause un manque à gagner pour les opérateurs sur le segment voix.
Conscient des enjeux de développement énormes portés par le numérique, l’État a affirmé sa volonté d’améliorer l’accessibilité à l’internet, invitant tous les acteurs notamment l’ARTCI et les opérateurs à œuvrer pour baisser les couts d’accès à Internet et favoriser un accès généralisé à une connexion de qualité. Pour rappel, ce qui permet aux opérateurs d’offrir des services internet ce sont majoritairement l’acquisition de licences (100 milliards pour la licence 4G) et le déploiement de câbles sous-marins (environs 95% du traffic internet mondial passe par ces câbles). Améliorer ses capacités internet est un investissement coûteux qui dans la plupart des cas est le fruit de consortium, au sein desquels plusieurs opérateurs se mettent ensemble pour supporter les coûts d’acquisition de câbles sous-marins et proposer plus de bande passante à leur clients. Ensuite, il faut opérer les infrastructures techniques, les maintenir et disposer de ressources humaines compétentes pour les faire fonctionner.
Jusqu’à 2016, les prix d’internet étaient très élevés car les opérateurs souhaitaient naturellement rentabiliser au plus vite les investissements consentis pour améliorer les offres d’internet. Dans le même temps, face au développement progressif des usages, l’appétit de la population pour internet s’est accru et le consommateur à commencer se plaindre de la cherté de l’accès à internet. L’Etat va donc faire « pression » sur les opérateurs pour faire baisser les prix d’Internet, en s’assurant de trouver les moyens de rendre viable le marché et le secteur tout entier pour les opérateurs. De ce fait, le prix moyen du mégaoctet est passé de 2,6 F/Mo à 0,9 F/Mo entre 2016 et 2019. Cependant, selon les opérateurs, le prix de 0,9F/Mo est deux fois inférieur au prix de revient du service (estimé à environs 1,8 F/Mo). En d’autres termes, c’est une vente à perte qui a été quelque peu « demandée » aux opérateurs, en comptant sur l’augmentation du volume de la consommation, pour permettre de rentabiliser sur la quantité. A ce jour, la Côte d’Ivoire est desservie par quatre (04) câbles sous-marins: SAT3, ACE, MainOne, WACS.
Dans ce contexte particulier, une anarchie généralisée et des pratiques malsaines de concurrence ont commencé à être réalisées par les opérateurs pour résister à la concurrence, pouvoir rentabiliser le secteur de la data et contre balancer les baisses de revenus sur le segment de la voix. Le marché s’est désorganisé et est devenu de moins en moins viable, surtout que les acteurs s’étaient engagés dans une optique de soutenir le marché et commencer à rentabiliser sur le moyen terme.
ANALYSE DES PRATIQUES COMMERCIALES AGRESSIVES : « GIGA BONUS DATA »
Les pratiques anticoncurrentielles se sont multipliées au détriment du consommateur, sans que ce dernier ne s’en rende compte, même s’il peut paraitre être favorisé par les offres promotionnelles agressives. Essayons de mettre en lumière quelques points clés qui illustrent cet état de fait.
LES BONUS INTERNET : Par exemple, quand un opérateur propose un bonus de 400% pour l’achat d’un pass internet de 100 Mo à 50F, le consommateur se retrouve tout heureux d’acquérir 500 Mo au prix de 50F. Mais dans la plupart des cas, il y a une période de validité qui est très courte, parfois de 24heures pour les forfaits les moins chers. Le consommateur doit donc consommer 500Mo en 24 heures, et passé ce délai le volume acquis est perdu.
Quand il y a des promotions très alléchantes proposant des bonus aussi énormes, la conséquence première c’est qu’un grand nombre de clients vont acheter le service et souscrire à des pass dans la même période. Sachant que les bonus ont une durée de validité limitée, on va se retrouver avec tous les clients qui vont utiliser leurs data en même temps et parfois essayer d’utiliser des services gourmands en bande passante comme la vidéo, le streaming, etc. La conséquence logique de cela est que nous nous retrouvons avec des congestions réseau énormes, car rappelons-nous que la bande passante est partagée par tous les clients dans une même cellule. C’est le principe des données cellulaires ! Cela dit, on va constater des vitesses d’internet très faibles, dépassant rarement le seuil de 1 Mbps. Du coup, le consommateur dispose d’un gros volume d’internet en stock mais reste limité à une utilisation réduite, par exemple surfer sur les réseaux sociaux, ce qui reste une activité peu gourmande en données cellulaires (data). Pour paraphraser, c’est comme avoir 1000L de carburant et devoir les utiliser dans un délais réduit en ayant pour seul moyen de transport, une mobylette. Finalement, on a des consommateurs qui vont acheter 100Mo à 50F et recevoir un bonus de 400Mo supplémentaire ; soit 500Mo à consommer en 24H, pour finalement ne consommer effectivement que 80Mo en raison de tous les facteurs évoqués (faible capacité de bande passante, congestion réseau, etc.).
De plus, du point de vue commercial, à partir de l’instant où un consommateur achète un produit (en l’occurrence un pass de data, car il ne loue pas, mais achète un pass), il est devient propriétaire et est libre d’en jouir selon son entière convenance, même quand il a reçu un bonus ou un avantage promotionnel quelconque. Mais l’on remarque qu’après la date de validité, les opérateurs retirent les bonus aux consommateurs et incitent les consommateurs à acheter le même service à travers une nouvelle offre promotionnelle, parfois dans des intervalles très court. Il n’y a presque pas de communications sur les détails des offres promotionnelles. Quelques consommateurs peuvent tirer profit des pratiques concurrentielles agressives, mais la qualité de service et la santé du marché en sont fortement impactés. EN somme, c’est un trompe l’œil que de penser qu’on a un service moins cher dans ces conditions. En effet, on dépense moisn d’argent à l’achat, mais on a un produit de moindre qualité et selon des conditions d’utilisations extrêment défavorables. Etant donné que la plupart des consommateurs ne sont conscients de ces aspects techniques, le sentiment d’être privilégié par les opérateurs est renforcé, mais c’est un leurre en réalité.
Enfin, En ce qui concerne le jeu de la concurrence, il est évident que tous les opérateurs n’ont pas les mêmes revenus et la même force financière. Les professionnels du secteur confirmeront que certains opérateurs sont accusés de fausser la concurrence en baissant volontairement leurs prix sur le segment data à des prix de plus en plus bas dépassant de seuils record, en considérant que les revenus qu’ils engrangent sur d’autres segments permettent de combler ce définit. Pour le consommateur c’est un gain sur le court terme, mais ces pratiques ont pour effet de fragiliser les autres concurrents qui ne disposent pas de la même puissance et les mêmes revenus sur les autres segments du marché. En effet, sur le moyen terme, cette pratique a pour effet d’infliger de plus en plus de pertes aux autres acteurs qui n’ont pas le même niveau de revenus sur les autres segments du marché, au risque de les voir disparaitre et entrainer des pertes d’emplois, etc (comme cela a été le cas avec des opérateurs qui ont proposé des prix très bas, et ont fini par « mourir » et disparaitre du marché). Cette pratique est appelée le dumping ! En effet, des acteurs en position de domination sur le marché peuvent fausser le jeu de la concurrence par cette pratique illégale et anti concurrentielle.
TENTATIVES DE SOLUTIONS MISES EN ŒUVRE
Face à cet état de fait, les opérateurs ont saisi le Régulateur (ARTCI), pour faire lui part de leurs difficultés, leurs inquiétudes et lui demander de prendre des mesures pour face à la baisse des revenus sur le marché. En effet, cet état de fait n’arrange aucun d’entre eux et le business de certains acteurs est plus fortement impactés que d’autres.
En 2021, l’ARTCI prend une décision pour tenter d’encadrer et juguler le problème. A ce titre, le régulateur impose entre autres les mesures suivantes aux opérateurs:
- Obligation de communiquer de manière transparence et véridique sur les offres promotionnelles
- Obligation d’afficher obligatoirement la promo sur son site web
- Obligation de mise à disposition du régulateur, un historique des offres réalisées sur l’année
- Limitation les offres promotionnelles (bonus) à 100% au maximum
- Interdiction pour les opérateurs d’octroyer un bonus à un client, si ce dernier n’achètes aucun crédit de communication sur une période de 3 mois
- Pas plus de 3 offres par semaine et au moins 7 jours entre deux offres qui sont relatives au même service
- Interdiction de retirer les bonus et avantages acquis par le consommateur même après que la date de validité soit passée. Le bonus est toujours présent mais inactif.
- Obligation pour l’opérateur de réactiver les avantages et les cumuler au bénéfice du consommateur, lorsque ce dernier fait un nouvel achat lié au même service
- Obligation de respecter un prix plancher de 1F sur les data mobile, un prix minimal à partir duquel les opérateurs doivent fixer leurs prix.
En 2022, l’ARTCI fait le bilan de la mise en œuvre des mesures de la décision de 2021 et estime que :
- Les opérateurs ont respecté la limitation maximale des bonus à 100%,
- Les pratiques promotionnelles sauvages et anti concurrentielles ont été arrêtés par les opérateurs. Le marché est devenu plus sain et les acteurs plus disciplinés
- Les tarifs ont baissé et les offres sont plus transparentes
- Les opérateurs n’ont pas respecté la limitation des offres promotionnelles à 3 par semaine
- Les opérateurs n’ont pas respecté le prix plancher de 1F/Mo et ont plutôt fait en moyenne 0,5F/Mo
- En fonction des rapports d’activités des opérateurs, les revenus sur le service data ont augmenté de plus de 10% pour tous les opérateurs. Le marché vaut 178 milliards FCFA, soit une hausse de 29%
- Le service data est en train de devenir de gagner en maturité et devenir plus rentable pour les opérateurs.
- Le service de la voix a été stabilisé et est reparti à la hausse de 3%, valant 488 milliards FCFA
- Des consommateurs se sont plaints de ce que les opérateurs n’ont pas appliqué les décisions de l’ARTCI, notamment relatives à la conservation des avantages après la période de validité
En se basant sur les conclusions de son analyse, l’ARTCI demande pour cette année 2023 aux opérateurs de (décision N˚2023-0834 ):
- Passer le niveau max des bonus à 200%, contre 100% dans la décision précédente,
- Ne faire qu’une seule offre de gratuité par mois au maximum, c’est-à-dire si l’opérateur veut faire un cadeau à ses clients pour leur fidélité en dehors de toute souscription à une offre promotionnelle. Les offres de gratuité doivent être envoyées à l’ARTCI pour approbation et ne sont pas traitées comme des offres promotionnelles. Cela dit, si les avantages ne sont utilisés dans les délais définis par l’opérateur, ils peuvent être retirés par l’opérateur, contrairement aux offres promotionnelles
- Limiter leurs offres promotionnelles à une durée maximale de 10 jours par mois
- Communiquer à l’ARTCI le plan de promotion au plus tard le 15 de chaque mois
- Faire leurs offres de service à partir d’un prix plancher, fixé à 0,8F/Mo
- Conserver, réactiver et cumuler les avantages acquis par les consommateurs à la suite d’une offre promotionnelle
- Pour les bonus valables de moins de 10 jours, la durée de conservation est de 10 jour après la fin de la période de validité, pour les bonus valables de plus de 10 jours, la durée de conservations du bonus est de 30 jours
- Les avantages acquis au cours d’une année x doivent être utilisés avant la fin du premier trimestre de l’année suivante (ex : bonus acquis en 2023, doivent être consommés avant Mars 2024)
EN CONCLUSION :
- Nous sommes clairement dans une situation de bras de fer entre l’État Ivoirien et les opérateurs de télécommunications sur la POLITIQUE NATIONALE DE DÉVELOPPEMENT DE L’INTERNET,
- L’État veut booster l’usage d’internet pour accélérer sa transformation digitale, car les enjeux sont énormes pour lui. Avec plus de la moitié de la population qui n’a pas accès à Internet, il sera difficile de réussir la digitalisation du service et profiter des avantages économiques que cela peut entrainer.
- L’État à travers l’ARTCI demande aux opérateurs de contribuer à cet objectif national qui est de soutenir la vision du gouvernement pour le développement de l’utilisation du service data mobile (internet mobile), étant donné que le pays a un très fort taux de pénétration du mobile
- L’ARTCI estime que ses mesures prises depuis 2021 ont permis de régler les problèmes observés et portés par les opérateurs eux-mêmes, notamment sur le service voix en hausse de 3%,
- L’ARTCI estime que les chiffres indiquent l’atteinte du seuil de rentabilité sur le segment de la data dans un avenir proche, et invite les opérateurs à continuer de tenir le même cap,
- La fixation du prix plancher vise à limiter l’impact éventuel des pertes que pourraient entrainer une concurrence non encadrée. En effet, si les opérateurs ont affirmé vendre à perte à 0,9F/Mo, il était indiqué de fixer le prix à 1F/Mo pour leur permettre de rentabiliser sur ce segment de marché et contrer les effets éventuels de dumping. Cette mesure semble apporter plus de problèmes que de solutions, dans la mesure où les raisons de son adoptions apparaissent ambiguës et pas très objectives (il semble que l’opérateur s’en tient à ce que les opérateurs déclarent sans avoir des éléments factuels d’évaluation et de vérification),
- L’État subi un « chantage » plus ou moins justifié de la part des opérateurs (seules des investigations indépendantes pourront le dire), car ils ont conscience d’avoir pris une bonne partie du pouvoir régalien de l’État, notamment en ce qui concerne les télécommunications et le développement de l’infrastructure internet. Les quatre câbles sous-marins sont détenus par des consortiums privés et géré par deux des trois opérateurs actuellement sur le marché. De plus, ils sont de gros employeurs !
- Un climat de défiance s’est installé entre les opérateurs et leur régulateur, en partie alimenté par la demande du régulateur aux opérateurs de « faire un effort » pour atteindre les objectifs de l’État en matière d’accès et d’usage d’internet, même si les chiffres au niveau business ne sont pas ceux qu’ils espéraient dans leurs prévisions de croissance
- Le fait que les opérateurs aient volontairement conservé des prix toujours plus bas que le prix plancher fixé depuis 2021, peut être interprété de deux manières :
- Soit le service est rentable à ces prix (entre 0,4 – 0,5FMo) et les opérateurs avaient fait de fausses déclarations au régulateur pour pratiquer des prix très élevés et maximiser leurs revenus
- Soit ils sont obligés de pratiquer ces prix, en raison d’un dumping persistent maintenus par un ou plusieurs acteurs. Il y aurait donc un chantage réalisés par un ou plusieurs acteurs du marché
- La décision des trois opérateurs sonne comme une sorte de pression qu’ils souhaitent mettre sur l’état via l’ARTCI, pour une raison quelconque (qu’il faudrait investiguer). Dans la perspective de l’arrivée prochaine de la 5G, on peut imaginer qu’il y a peut-être de la stratégie en vue de négociations qui se font en coulisse. Car il va falloir vraisemblablement débourser de l’argent pour les nouvelles licences 5G
- La décision de s’aligner et faire bloc peut traduire de vrais difficultés de la part des opérateurs, ou cacher un alignement imposé par un ou plusieurs acteurs, par le jeu de la concurrence déloyale
- Les opérateurs ne sont pas satisfaits des revenus qu’ils gagnent sur le segment de la data et veulent encore plus de l’État, notamment de mesures de réduction de leurs « charges » par l’Etat. Dans le même temps, le régulateur inflige des sanctions et amendes quand les opérateurs ne respectent pas les obligations de leur cahier des charges.
- La Côte d’Ivoire fait partie des pays africains où internet coûte le plus cher et les débits réels de connexion sont les plus bas. Selon l’étude de cable.co.uk, notre pays est classé 173/233 dans le monde et 35/48 en Afrique subsaharienne des pays évalués, sur le prix moyen d’un 1 Go d’internet mobile,
- Les opérateurs de télécommunications sont puissants, au point de vouloir/pouvoir imposer à l’État leurs volontés au détriment de ses intérêts stratégiques,
- Dans un secteur aussi critique que celui d’internet et des télécommunications, l’État doit reprendre plus de pouvoir sur les opérateurs, car internet n’est plus un simple moyen de communication ou de divertissement, mais un moteur clé de la vie de la société, à l’instar de l’électricité ou du carburant
- La sécurisation de nos communications, de notre vie privée et d’une grande partie de notre vie numérique est laissée à la discrétion des opérateurs. Il y a des raisons de s’inquiéter et de se poser la question de savoir si les intérêts strictement économiques et commerciaux des opérateurs, peuvent être conciliés avec les intérêts de protection de la sécurité des consommateurs en général et la cybersécurité nationale an particulier.
- En effet, en sachant que l’évolution constante des technologies et des réseaux entraine une augmentation exponentielle des menaces de sécurité. Cela demande des investissements supplémentaires énormes pour assurer la sécurisation des communications et des données qui transitent par les infrastructures. Si l’on considère qu’ils ne sont pas satisfaits des revenus actuellement engrangés, on peut aisément deviner qu’ils n’investiront pas plus pour développer la cybersécurité de leurs infrastructures. Pour rappel, la plupart des protocoles hérités de la 2G et 3G sont vulnérables, mais toujours utilisés dans les réseaux 4G. Ce dernier fera l’objet d’un article spécial.
- A l’ère de la société de l’information, une réflexion globale doit être menée pour concilier les intérêts stratégiques des parties (État et Opérateurs), tout en considérant en particulier l’accès des populations à internet comme un droit fondamental identique au droit d’accès à la santé ou à l’éducation, etc.